Faire
cette guerre depuis la place d'un médecin militaire c'était la
voir avec un angle particulièrement rare, qui, à lui seul
justifie l'intérêt que l'on peut porter à ces quatre carnets
que Marcel Bolotte tint durant les cinq lancinantes années que
dura sa mobilisation. Être comptable, docteur ou rebouteux des
corps démontés et déchirés que lui amenaient les batailles
donne à ces notes factuelles, à ces impressions douloureuses, la
couleur d'un rapport militaire circonstancié qu'auraient maculé
le sang, la boue, les larmes, abandonné au fond d'une tranchée
morbide, après la débâcle...
Tous
les sentiments qu'il dût éprouver, auxquels il faut ajouter
celui si présent de l'ennui, mortel, tout le ressentiment contre
le poids de la hiérarchie et l'incompétence du commandement,
n'empêchèrent pas ce petit lieutenant de terminer sa carrière
militaire et médicale avec le grade de général.
Aussi,
près d'une centaine d'années plus tard, l'objet de la
transcription des carnets de Marcel Bolotte aura été le même
que celui qui soutient celle des carnets d'Édouard Coeurdevey,
celui de transcrire le cri ou le silence de ces mots vers une
mémoire vivante, de réveiller ces faits et ces pensées du
profond sommeil des millions d'hommes que cette guerre endormit
trop tôt, avant qu'ils aient pu trouver, eux, un moyen de me
transmettre leurs sourires et leurs rêves, à moi, si petit au
monde...
Rémy
Cœurdevey, son petit-fils. Le 20 mars 2007.
A
ces carnets s'ajoute la mise en ligne de
deux cent douze
photographies
prises durant la
période de la guerre (1916-1917) où Marcel Bolotte rejoint
l'Armée d'Orient en Macédoine et régions limitrophes et qui
constituent une illustration ethnographique rare.
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